L’Instance nationale indépendante de reconnaissance et de réparation (Inirr) est prête à recevoir les premières demandes de victimes de pédocriminalité dans l’Eglise catholique, a-t-elle annoncé jeudi, l’objectif étant de mettre en place une « justice restaurative » au cas par cas.
La création de l’Instance nationale indépendante de reconnaissance et de réparation (Inirr) avait été décidée par la Conférence des évêques de France (CEF) réunie à Lourdes en novembre après le rapport choc de la Commission indépendant sur les abus sexuels dans l’Église (CIASE) remis par Jean-Marc Sauvé sur l’ampleur des violences sexuelles sur mineurs depuis les années 1950.
Cette structure est destinée aux victimes de prêtres ou de laïcs qui ont pu être agressées dans divers lieux d’église, les paroisses, des enceintes catholiques telles que le catéchisme, les camps scouts, l’enseignement, etc.
Son pilotage a été confié à la juriste Marie Derain de Vaucresson, ancienne Défenseure des enfants. Sa composition est encore en cours, mais les premières demandes de reconnaissance et/ou de réparation peuvent être adressées désormais à une adresse mail spécifique ([email protected]), via le site internet inirr.fr mis sur pied ce jeudi, selon un communiqué de presse.
Son objectif est d’instaurer une « justice restaurative ou justice réparatrice, qui consiste à faire dialoguer les victimes avec l’auteur de l’infraction. Une manière de permettre aux agresseurs de prendre conscience de leurs actes et aux victimes de trouver un apaisement », souligne l’Inirr, qui précise que chaque réponse sera « unique par nature et décidée au cas par cas ».
Son fonctionnement et la démarche à suivre sont également précisés.
Chaque demande de réparation sera suivie par un « référent » (juriste ou psychologue), chargé de « l’écoute de la personne », qui « construira avec elle sa demande et s’attachera à recueillir » des informations sur « les faits et les préjudices ». Ce référent élaborera une « synthèse écrite » prenant en compte « les conséquences traumatiques », les « besoins » et « demandes précises » de la victime, et la transmettra à un « collège d’experts ».
Ce dernier (12 bénévoles) rendra une décision: « parole forte, symbolique », « proposition de médiation », voire, le cas échéant, « réparation financière ».
Dans ce dernier cas, la demande financière sera transmise au fonds « Selam », le Fonds de secours et de lutte contre les abus sur mineurs mis en place par l’épiscopat pour recueillir les contributions des évêques et des diocèses. Il a annoncé il y a un mois avoir réuni 20 millions d’euros, une première somme promise pour indemniser les victimes.
Une autre instance, la Commission reconnaissance et réparation (CRR), présidée par Antoine Garapon, est pour sa part destinée aux victimes d’agressions commises dans des instituts ou congrégations religieuses.
L’Inirr et la CRR ont prévu de mettre en place un « portail commun », pour faciliter la transmission des demandes reçues vers l’une ou l’autre.
La rédaction (avec l’AFP)